Contextualisation du thème du FESTIMA 2020

Thème : « Masque, dialogue des cultures et cohésion sociale »

La 15e édition du Festival International des Masques et des Arts de Dédougou (FESTIMA) se tient dans un contexte mondial et africain marqué par un sentiment d’insécurité grandissant. L’amélioration des conditions de mobilité des personnes et la révolution des TIC font évoluer à un rythme hallucinant, notre environnement culturel. La multiculturalité devient désormais une norme. Malheureusement, cette dynamique culturelle ne s’accompagne pas toujours de la compréhension et de l’acceptation de l’autre. Il en résulte des revendications généralement de supériorité (clichés, intolérance, discrimination, etc.) parfois violentes, et dont le corolaire est la déstabilisation de nos communautés contemporaines.

Comprendre et accepter l’autre suppose un préalable : le dialogue. La multiculturalité, vue au prisme du dialogue interculturel se révèle donc un cément fort pour la cohésion sociale et le développement endogène. Il promeut la tolérance, sous-tend la complémentarité, nivèle les différences et développe l’intégration.

Le masque a, dans la communauté traditionnelle, toujours été l’instrument et l’expression de ce dialogue. Il est i) sculpté par le forgeron ou une autre catégorie socioprofessionnelle spécifique, ii) est porté par le cultivateur, iii) le griot le fait danser iii) et toute la communauté (autochtone comme allochtone) le consulte et participe comme un seul homme à ses manifestations ludiques. Ses apparitions pour purifier le village, apporter de bonnes pluviométries ne sont pas sélectives : le masque apparaît pour toute la communauté, sans distinction de genre et d’origine. Dans de nombreux villages, il est interdit de provoquer une rixe pendant voire de verser le sang pendant ses apparitions.

Nonobstant l’ouverture de ces sociétés à des traditions culturelles étrangères, le masque se fait encore l’instrument du dialogue culturel. De nos jours, il échange volontiers le clair de lune contre la lumière électrique pour s’exprimer. Des têtes de masques sont sculptés pour symboliser la Mosquée ou la vierge Marie. De plus en plus, des fêtes chrétiennes sont animées par des masques à l’Eglise, etc. Cette association du masque à la chrétienté et à l’Islam est-elle signe de déviance ? Vu sous l’angle du dialogue non ! Le masque renferme en effet en lui deux entités, une cultuelle et l’autre culturelle. Même si sa fonction cultuelle peut être en contradiction avec d’autres pratiques similaires, sa valeur culturelle est à promouvoir comme référent culturel local. Le masque doit de ce fait servir réceptacle ou d’instrument de dialogue interreligieux et interculturel.

En plaçant cette 15e édition sous le thème « Masque, dialogue des cultures et cohésion sociale », thème presque identique à celle de la 7e édition, ASAMA veut renforcer l’ancrage des communautés au niveau national et international par leurs divers liens culturels en générale et celui des masques en particulier en vue non seulement de (re)créer mais aussi de maintenir un monde de dialogue, de partage, d’acceptation de l’autre ; donc de paix.